par Yu' » Mar 17 Juil 2007, 11:22
C'est pourri mais c'était juste pour réveiller cette partie *-*
Bon. J'adore pas. Ça me paraît un peu plat et un peu facile ... Mais ça faisait longtemps que je n'avais pas écrit alors je le mets quand même *-*
S'Il Devait Aimer
Pendant un moment, j'ai vraiment cru que ma vie amoureuse (et sexuelle par la même occasion), allait s'arrêter là, à mes 22 ans. Et j'avoue que ça ne m'a pas aidé à retrouver le moral ...
Et puis je l'ai rencontré, dans une soirée en boîte de nuit où une prétendue amie éloignée m'avait traînée sous prétexte qu'il fallait que je sorte et que je vois du monde puis qui m'avait abandonné lâchement sur un fauteuil, une bière à la main où, moi qui ne tient pas l'alcool, j'espérais vaguement noyer mon chagrin. Il m'a dit des choses tellement jolie que je n'ai pas résisté. Je l'ai accompagné chez lui, un joli petit appart' de beau mec célibataire avec canapé-lit et tout le tralala. Une deuxième petite bière et hop ! On s'est retrouvé enlacé sous la couette. C'est là qu'il a fallut que je lui avoue. Et, croyez-moi, dire qu'on est encore vierge à 22 ans, c'est plus que difficile ! Devant son regarde étonné (interloqué serait plus juste mais, après, vous allez m'accuser de lyrisme inadapté), j'ai rabattu les couvertures et rallumé la lumière. C'est là que, le regard rivé sur le mur blanc, je lui au raconté. Comme ça. Moi, si secrète, j'ai tout déballé à un parfait inconnu. Absolument tout. Julien, son sourire, ses yeux rieurs, ses lèvres, ses mains ... Et sa séropositivité. Nos trois ans ensemble. Trois ans de doutes, de peur mais aussi de petits bonheurs et de grands éclats d'amour. Trois ans durant lesquels il avait refusé toutes mes avances, toutes mes propositions d'aller plus loin. « On sera prudent ! » Mais il avait trop peur. Pour moi. Trois ans d'abstinence complète ... C'est dur, même pour une fille ! Je crois que c'est quand j'ai parlé de la rupture que je me suis retourné vers lui. Comme pour me donner la force. Il était attentif, réconfortant. Et sa main sur mon bras m'apportait tant de chaleur ! C'était la première fois que j'en parlais à quelqu'un comme ça ... Julien, le visage crispé sur un sourire cynique que je ne lui connaissait pas, ses mots si durs. « Je me suis foutu de toi, ma pauvre fille ! Pendant trois ans, tu n'as rien vu ! Je n'ai absolument jamais eu le SIDA, je suis en parfaite santé et toi, t'as tout gobé ! Je me suis tapé plus de la moitié des filles de ma fac derrière ton dos et, toi, plus je refusais, plus tu t'accrochais ! Tu me fais pitié. » Rien que le fait de réentendre l'injonction dans sa voix me donne envie de hurler. J'ai sûrement secoué la tête et joué un peu avec mes mèches folles. Puis j'ai lu dans ses yeux que j'avais été stupide de croire Julien. Qu'on ne reste pas trois ans avec une fille juste pour se foutre de sa gueule ! Sauf que, sur le coup, on ne réfléchit pas vraiment à ça ... Puis, j'ai occulté à demi l'année passée à oublier, à me reconstruire (et, pour une fois, ce n'est pas une simple expression en l'air ...) Puis la deuxième année passée, terrée dans mon coin, la peur au ventre, à ne rien oser malgré l'envie. Et, à la fin, le mail de Julien. Simple message de mon ordinateur. « Vous avez 1 nouveau(x) message(s) ». L'ombre d'un ancien fantôme, comme un monde qui s'écroule, une plaie qui s'ouvre à nouveau. Et qu'est-ce que ça fait mal ! Ses excuses : « Je suis un salaud de la pire espèce ! Tu ne peux pas savoir comme je m'en veux ... Je voulais juste avoir quelques nouvelles de toi, comment tu vas ? » J'ai raconté notre correspondance. Parce que, quand même, c'était Julien. Je ne pouvais pas résisté à trois ans de souvenirs ! Je devais lui répondre, c'était viscéral. Je lui ai donc raconté ces six mois passés comme ça ... Sans se voir, sans s'appeler. Plus tard, j'ai appris par sa mère qu'il m'écrivait de l'hôpital et qu'il craignait que sa voix ou son corps de ne le trahisse. Il a finit par s'éteindre, joli euphémisme pour quelqu'un qui est mort comme une bougie qui brûle : lentement et en souffrances. Finalement, Julien m'avait toujours protégée, épargnée, toujours. Je crois que, à la fin de mon histoire, j'avais même des larmes au coin des yeux. Il m'a consolé et, pour une première fois, je dois avouer que c'était plutôt pas mal. On s'est quitté au matin, cordialement, sans aucune envie ni aucun besoin de se revoir.
Trois semaines plus tard, j'ai reçu un mail de ce type (ça devient une habitude ...). Il m'expliquait que mon histoire l'avait tellement touché que, paniqué en se souvenant d'un rapport à risque un moi avant, il avait fait le test et qu'il était, lui aussi, séropositif. J'avoue que, sur le coup, un rire nerveux m'a pris. On s'en sort jamais vraiment de cette merde ...
Et puis, je me suis souvenu du rasoir que je lui avait emprunté ce fameux matin, dans la salle de bain. J'ai arrêté de rire, même jaune. La fine coupure ... La tâche de sang. Insignifiante.
J'aurais les résultats des tests demain.
« Si j'y vais, ce n'est pas pour mourir mais pour me prouver à moi même que je suis encore vivant. »